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Journal | Décembre 2022

jeudi 2 mars 2023, par LR

 
  • jeudi 1er,
Rick & Morty Saison 5
Rick & Morty Saison 5

Rick & Morty Saison 5, série de Dan Harmon et Justin Roiland, 2013-en cours

Encore de très bons concepts et de beaux clins d’œil, mais j’ai ressenti aussi l’« effet confinement » : production dans des conditions difficiles, techniquement et souvent humainement, le temps laissé à disposition n’ayant pas forcément permis à chacun d’exprimer le meilleur de son potentiel (une production pour parfois tenter combler les angoisses et le vide, le tout sonnant creux malgré tout). Ça ne m’a cependant pas empêchée de regarder cette saison plusieurs fois aussi, et d’attendre de tomber sur la suivante avec une certaine impatience (voire avidité) =)

 

Temps glaciaires
Temps glaciaires

Temps glaciaires, roman de Fred Vargas, 2015, Audiolib

Pour une première incursion prise au hasard dans l’univers sombre et peuplé d’animaux de toutes sortes (équipe d’Adamsberg comprise) de Fred Vargas, c’est un curieux voyage qui m’est offert, entre Paris, un domaine campagnard et l’Islande, aujourd’hui, la fin du 18e siècle, en incluant un retour en arrière d’une vingtaine d’années. Un récit dense et déroutant au fil de l’enquête (peut-être un chouia trop déroutante, déroutée et longue à mon goût d’ailleurs), et pourtant tout est dit pour permettre au lecteur d’arriver aux mêmes conclusions que les enquêteurs. Une belle plume, pour un récit aux couches multiples et riches, un jeu de méandres auquel je me referai volontiers reprendre très bientôt !

 

 
  • vendredi 2,
Pi
Pi

Pi, film de Darren Aronofsky, 1999

Un autre film que j’avais envie de voir depuis longtemps. Aronofsky et un mathématicien en quête de Pi, y’a de quoi... non ? Finalement plutôt déçue, la quête glissant rapidement sur une récupération mystique au service de la religion sur fond de conspiration. Le propos pouvait être intéressant mais la réalisation ne m’a pas tellement accrochée. À revoir peut-être, des fois que j’aurais loupé un truc.

 

 
  • jeudi 8,
Les Bonnes Étoiles (Beulokeo)
Les Bonnes Étoiles (Beulokeo)

Les Bonnes Étoiles (Beulokeo), film de Hirokazu Kore-eda, 2022

Après Une affaire de famille, où déjà Hirokazu Kore-eda explorait ce qui fait famille, il reprend cette thématique en faisant le chemin inverse : de la déconstruction de l’image sociale de la famille comme unité (pour mieux en constituer une qui sort des cadres) proposée dans le premier, il est ici question d’interroger les individus qui la constituent (ou plutôt y sont refusés), mais toujours pour une création ex-nihilo colorée et joyeuse. Ou la revanche des sans-famille lorsque le concept broyé par une société renaît au hasard des événements et des individus qui choisissent de s’unir pour surmonter les tempêtes de la vie.

 

 
  • samedi 10,
Blow-Up
Blow-Up

Blow-Up, film de Michelangelo Antonioni, 1966

Un film assez surprenant où l’on va suivre la journée chaotique d’un jeune photographe huppé des années 60 qui ne semble plus trouver sens à sa vie, jusqu’au virage scénaristique, assez tardif, de la révélation du crime (?), dont l’unique preuve se trouverait sur le rouleau d’images prises à la volée un peu plus tôt. Le hasard, l’intuition et la presque confirmation, jusqu’à l’obsession, et le finale suspendu, entre incrédulité et fatalité. Dans tous les cas continuer à vivre. À la fois l’impression qu’il ne se passe rien, et tout au contraire un déferlement d’événements, de questions, d’inattendus frisant une forme de folie ; film dans le cadre du « nouveau cinéma » à revoir, plusieurs fois, car il mérite une analyse approfondie (n’est pas film culte pour rien) ! L’envie suscitée de découvrir un peu mieux le cinéma d’Antonioni aussi. Et pour les plus accros, à voir de concert avec Fenêtre sur cour vu plus haut, Blow Out, version « son » de Brian de Palma (1981), et Conversation secrète de Coppola (1974) pour une approche transversale de la thématique. De quoi creuser pour les amateurs, donc. =)

 

 
  • dimanche 11,
Rhapsodie en août (Hachi-gatsu no kyôshikyoku)
Rhapsodie en août (Hachi-gatsu no kyôshikyoku)

Rhapsodie en août (Hachi-gatsu no kyôshikyoku), film d’Akira Kurosawa, 1991

Parmi les derniers films de Kurosawa, dans les années 90, avec Rêves et Madadayo, lorsque le maître revient sur ses rêves, les questions de la transmission et du départ, et la mémoire, comme avec cette grand-mère ayant vécu le 9 août 45 à Nagasaki, et survécu contrairement à nombre de ses proches, la blessure toujours ouverte 45 ans après, l’incompréhension de ses petits-enfants face à son refus d’aller visiter une branche de la famille émigrée aux États-Unis (à Hawaï). Amour familial, pardon, transmission, et surtout la dissonance entre ceux qui ont appris à l’école, entre oubli nécessaire et devoir de mémoire, et ceux qui ont vécu dans leur chair l’impansable. Mise en scène simple, point de fioriture ou effet, Kurosawa va ici à l’essentiel et ponctue par cette image d’une force et d’une tristesse à la fois superbes et douloureuses.

 

 
  • lundi 12,
Annie Colère
Annie Colère

Annie Colère, film de Blandine Lenoir, 2022

Vie quotidienne et familiale au cœur des années 70, face aux difficultés des grossesses non désirées et leurs « remèdes » au péril de la vie de ces mères déjà surchargées ou de jeunes filles à l’époque où les « filles-mères » étaient encore mises au ban, découverte et montée en puissance du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) qui pratiquait des avortements illégaux mais médicalement assistés en proposant des méthodes non traumatisantes, et un accompagnement bienveillant ; le militantisme pour la légalisation, jusqu’à la Loi Veil. Sûrement le rappel de poncifs pour qui a vécu (voire milité) à cette période ; socialement et historiquement très instructif pour qui n’a pas ne l’a pas connue, comme c’est mon cas.

 

 
  • mercredi 14,
Brazil
Brazil

Brazil, film de Terry Gilliam, 1985

L’occasion de revoir (et découvrir sur grand écran !) le chef d’œuvre de Terry Gilliam, largement inspiré de l’univers de 1984, avec l’inventivité et la densité d’idées propres à Gilliam (débordantes de générosité). Entre récits réel et imaginaire, l’imaginaire quand le réel n’est plus entendable, le pessimisme de l’abandon au rêve lorsqu’il sonne comme une résignation. C’est fort, maîtrisé (si tant est qu’un film de Gilliam puisse « être maîtrisé »), drôle à ne plus savoir de quelle couleur rire, l’émotion au service de la réflexion. Un film à voir, revoir, re-revoir... sans pour autant laisser le monde s’effondrer tout autour mais tout au contraire pour une prise de conscience accrue, quand l’imaginaire peut ouvrir à la lucidité des actions.

 

Certains l'aiment noir
Certains l’aiment noir

Certains l’aiment noir, intégrale de bandes dessinées de Philippe Foerster, 2014, Fluide Glacial

Et noir, c’est noir : sans sucre, sans lait, absolument aucune fioriture pour faire couler l’amertume plus facilement. Uniquement pour les vrais amateurs à l’estomac bien accroché quoi. À la limite du glauque, voire la dépassant largement, un grand cru, que je mets personnellement dans la lignée des Idées noires et quelques autres pépites (parmi lesquelles je pense à celles d’Alexis, François Boucq ou encore Serre). Mais quand on aime... c’est un régal !

 

 
  • jeudi 15,
Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes)
Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes)

Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes), film de Werner Herzog, 1972

Un film (un peu mégalomane ?) sur la mégalomanie, à l’époque des Conquistadors. Les raisons du culte me sont visiblement passées au-dessus.

 

 
  • samedi 17,
Le Sang des cerises Livre 2 : Rue des Martyrs
Le Sang des cerises Livre 2 : Rue des Martyrs

Le Sang des cerises Livre 2 : Rue des Martyrs, bande dessinée de François Bourgeon, 2022, Éditions Delcourt

9e et dernier album de la série des Passagers du Vent, qui traversant les siècles nous a raconté l’Histoire, une boucle temporelle nous menant d’Isa, en plein cœur du commerce triangulaire du 18e, à Zabo, traversant tour à tour la guerre de Sécession et la Commune, pendant laquelle elle se lie à Klervi, toujours vivante dans les années 50 et qu’un jeune François Bourgeon aurait très bien pu rencontrer, reliant ainsi ce qui nous paraît un lointain passé à l’époque contemporaine par finalement si peu de relais. L’occasion de constater une fois de plus que les évolutions sociales et sociétales qui nous semblent à notre échelle si lentes sont, pour peu qu’on prenne un tant soit peu de recul, pourtant si rapides ! (même si certaines sont toujours trop lentes, certes).
N’étant pas moi-même passionnée d’Histoire, le premier tome de cette dernière partie m’avait semblé très didactique, mais l’Histoire rejoignant dans le second tome les histoires individuelles, et se concentrant plus volontiers sur les relations unissant les personnages, j’ai trouvé qu’il n’y aurait pu y avoir meilleure conclusion, retrouvant humanité et humanisme en fond d’une belle histoire d’amitié, par-delà toutes les horreurs surmontées. Merci M. Bourgeon.

 

 
  • lundi 19,
Algues vertes, l'histoire interdite
Algues vertes, l’histoire interdite

Algues vertes, l’histoire interdite, bande dessinée documentaire d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, 2019, Éditions Delcourt-La Revue Dessinée

Un documentaire très bien ficelé sur le « scandale » des algues vertes, l’agriculture intensive et les pièges d’un modèle plus souvent subi que recherché, l’effrayant pouvoir des lobbies (dont ici le lobby breton) et le cynisme de nombreuses personnes à des positions de pouvoir. Ça débloque, on le savait déjà, s’informer pour savoir comment est sans doute un devoir citoyen. C’est édifiant, effrayant, et en complète harmonie avec les comportements de ces classes dirigeantes dans les autres domaines : quitte à tout foutre en l’air, autant se sucrer au max. De tels ouvrages nous donnent les arguments pour en prendre conscience et éventuellement réagir, avant de sombrer totalement dans la résignation et la soumission.

 

 
  • samedi 24,
Godland (Vanskabte Land)
Godland (Vanskabte Land)

Godland (Vanskabte Land), film de Hlynur Palmason, 2022

« Dieu », le seul l’unique (bien sûr !) vs. la nature, rude, magistrale, implacable. Ou l’histoire d’un naufrage annoncé dans la tentative d’un modeste missionnaire d’imposer une croyance issue d’une autre culture quand les éléments imposent à chaque instant leur puissance, pouvoir de vie et de mort sur les maigres brindilles qui tentent de subsister sur ces terres arides et majestueuses d’Islande. Combat intérieur tout autant qu’extérieur. Sublime.

 

 
  • dimanche 25,
La Flûte enchantée (Trollflöjten)
La Flûte enchantée (Trollflöjten)

La Flûte enchantée (Trollflöjten), film d’Ingmar Bergman, 1975

N’ayant encore jamais ni vu ni entendu la si célèbre Flûte enchantée, dont le livret ne donne vraisemblablement pas de migraine par sa complexité, que je suis contente d’en avoir fait la découverte par cette interprétation par Bergman, oscillant entre opéra et cinéma, suspendue entre rêve et réalité, aux douces mélodies de la langue suédoise, fraîche et candide ; une délicieuse sucrerie pour Noël donc.

 

 
  • vendredi 30,
Le Chœur des femmes
Le Chœur des femmes

Le Chœur des femmes, bande dessinée d’Aude Mermilliod d’après le roman de Martin Winckler, 2021, Le Lombard

Récit initiatique à double, voire triple sens, car dans le respect et la considération chacun peut apprendre de l’expérience de l’autre, un superbe florilège d’histoires de femmes, d’histoires humaines, au détour de l’intime qui touche l’universel en nous liant toutes et tous par nos vulnérabilités et nos forces, nos victoires et nos abandons, nos blessures et nos espoirs. Une BD exceptionnelle, et sûrement un roman qui l’est tout autant (tout comme les personnes qui les ont écrits, les personnes qui ont témoigné, d’une façon ou d’une autre, et celles qui s’y retrouveront).

Autour du Chœur des femmes

 

Vivre (Living)
Vivre (Living)

Vivre (Living), film d’Oliver Hermanus, 2022

Déception pour ma part — ce ne fut pas le cas de tous les spectateurs de notre petit groupe — mais je parlerai pour l’instant sans pouvoir établir de comparaison avec le film d’Akira Kurosawa sorti en 1952 (visionnage prévu début mars !), pour lequel j’avoue avoir beaucoup d’attentes. Un vieil homme fondu dans le moule de la City et de l’administration londonienne prend subitement conscience d’être en vie à l’instant où on lui annonce sa mort imminente. Malheureusement, à part trois ou quatre très brefs instants de grâce (à peine dix secondes sur l’heure quarante de film), la réalisation m’a paru pataude, se roulant dans un pathos insistant et lourd collant sous les godasses, à mon sens sans intérêt. Franchement bof.

 

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