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Journal | Août 2023

samedi 23 septembre 2023, par LR

 
  • dimanche 6,
Le nom du monde est forêt (The Word for World is Forest)
Le nom du monde est forêt (The Word for World is Forest)

Le nom du monde est forêt (The Word for World is Forest), roman d’Ursula K. Le Guin, 1972, 2000, dans la traduction de Pierre-Paul Durastanti et Henry-Luc Planchat, suivi de Malaise dans la science-fiction américaine, essai de Gérard Klein, 1977, Le Livre de Poche

À la suite du Dit d’Aka, la réédition de ce court roman qui aborde des thématiques similaires, écrit en 1972. Il y est donc question des rapports entre récits et réalité, des rapports avec l’Autre, ici dans un contexte de colonisation agressive avec exploitation intensive des « ressources » et des peuples indigènes, pacifiques. Mais face à la destruction de leur peuple et de leur monde, la non-violence atteint ses limites, et ici un Rêveur apprend vite et peut se révéler être un dieu façonnant la réalité redoutable pour ceux qui sont devenus ses ennemis. Encore un formidable roman sur les récits, le respect et la responsabilité des actes de chacun.
Suit un essai de Gérard Klein, remarquable, même si les circonvolutions de sa pensée et de son écriture, très érudites, en ont rendu pour moi la lecture fastidieuse. Certains propos semblent maintenant datés, mais d’autres lancent des pistes à mon sens tout à fait judicieuses, pour qui s’intéresse à l’écriture et aux univers de science-fiction, et à la sociologie de ses pratiquants (tant lecteurs qu’auteurs) et leurs motivations.

 

 
  • mardi 8,
My Absolute Darling
My Absolute Darling

My Absolute Darling, roman de Gabriel Tallent, traduit par Laura Derajinski et lu par Marie Bouvet, Audiolib, 2018

Ouf ! de soulagement à la fin de l’écoute, qui s’est avérée pour moi douloureuse, continuée jusqu’au bout espérant un sursaut de quelque chose (quoi ? Ah bah si ! avec une telle réputation, il y a forcément quelque chose !!)... J’ai trouvé les thématiques abordées intéressantes, tout comme certaines situations posées et quelques traits de personnages. Des images marquantes, c’est certain. Mais réellement agacée par les incohérences d’écriture et de style (ne serait-ce que dans les registres utilisés par les personnages et dans les descriptions) nuisant totalement, à mon sens, à leur crédibilité, et franchement pas cliente de cette écriture dans laquelle l’auteur semble prendre un plaisir sadique qui personnellement m’échappe. Au moins maintenant je sais de quoi ça cause, mais reste dubitative quant aux motifs d’un tel succès...

 

 
  • jeudi 10,
L'herbe des nuits
L’herbe des nuits

L’herbe des nuits, roman de Patrick Modiano, lu par Denis Podalydès, Gallimard-Écoutez Lire, 2012

Dans un style tout à fait différent (et ô combien apaisant pour moi), qui n’empêche cependant pas l’exploration des tréfonds de l’âme humaine, un voyage dans une sorte de demi-consience au fond de la poche d’un écrivain, dans son carnet noir, au fond de ses souvenirs, dans les rues, cafés et couloirs d’hôtels parisiens du milieu des années 60. Une enquête, reconstruction d’un puzzle dont les pièces sont les souvenirs eux-mêmes partiellement reconstruits à partir de ces notes, sur une relation, à la fois intime et mystérieuse, qui se révèle bien différente à la lumière du temps passé. Une étude sur la mémoire humaine et les liens que nous entretenons avec elle. Et l’envie de découvrir un peu plus l’œuvre de Modiano !!

 

 
  • jeudi 17,
Maps to The Stars
Maps to The Stars

Maps to The Stars, film de David Cronenberg, 2014

Entre rêves, mensonges et échappatoires artificielles, Cronenberg dresse ici le portrait d’une société perdue dans ses illusions, visant la mythologie alors qu’elle patauge dans la fange hypocrite de la tromperie, tentant probablement de se duper elle-même. Sous la forme d’un conte, ou justement d’un mythe grec, sorte de tragédie œdipienne, au cœur d’une riche famille d’Hollywood, l’usine à rêves, les différents personnages vont finir par nous montrer leurs différentes facettes. Le spectateur, tel Thésée un peu perdu dans ce labyrinthe des duplicités, finit par lever le(s) voile(s) assez rapidement et retrouver son chemin, navigant alors parmi ces tours d’ivoire en décomposition. Difficile pour moi de ne pas penser à Lynch, et son Mullholland Drive, voire Inland Empire, mais le propos me semble ici tout différent, probablement plus « systémique » et social que l’exploration de l’inconscient individuel que Lynch peut proposer. Plus organique aussi, comme souvent dans les films de Cronenberg, le corps et l’aspect physique des choses, et des personnages, relèvent d’une grammaire bien particulière, de la déliquescence peut-être... Un film intéressant, gênant, mais qui ne m’a pas pour autant plus comme il aurait pu sans que j’arrive à comprendre spécifiquement pourquoi. Peut-être un constat trop désespéré ?

Pour aller plus loin

 

 
  • mardi 22,
Couleurs de l'incendie
Couleurs de l’incendie
Miroir de nos peines
Miroir de nos peines

Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines, romans de Pierre Lemaitre dans la série Les enfants du désastre, lus par lui-même, Audiolib, 2018 et 2020

Faute d’avoir pu me procurer Au-revoir là-haut à la bibliothèque, je reste sur les images d’Albert Dupontel et les quelques bribes de scénario qu’il me reste du film (même si apparemment le film est une excellente adaptation sans rien avoir pris directement au roman) et attaque tout de go le deuxième tome avant d’enchaîner sur le troisième, chacun se passant dans un décor et étant construit selon une structure bien différents. J’ai été d’abord surprise par l’écriture, que je n’ai pas trouvée d’une recherche exceptionnelle, avant de comprendre que tel n’était pas là le propos de l’auteur (grâce aux entretiens de fin d’ouvrage), et qu’il se prêtait bien plus volontiers à l’exercice de feuilletoniste du siècle passé, et je me suis attachée aux personnages. En revanche, j’ai personnellement de loin préféré la structure et la profondeur des personnages du deuxième tome que du troisième, qui se tisse de fils narratifs convergents un peu trop gros à mon goût.
Et heureuse une fois de plus de pouvoir bénéficier de ce qui est pour moi un outil supplémentaire de lecture, au même titre que les livres numériques, sans lequel je n’aurais probablement pas pris le temps, au moins tout de suite, de faire ces découvertes... #SlowReading (au même titre peut-être que la SlowFood ou le SlowTravel, ... c’est bien aussi de prendre son temps parfois =) )

 

 
  • mardi 29,
EO
EO

EO, film de Jerzy Skolimowski, 2022

Un peu à la façon d’un Pinocchio, nous suivons les pérégrinations de l’âne EO, entre vue « subjective » et cadre documentaire, au fil des différents épisodes sans paroles mais cependant édifiants qui inventorient la maltraitance animale infligée par les humains et leur monde. À la différence près qu’à la fin, EO et ses compagnons d’infortune n’apparaîtront toujours pas aux yeux de ces mêmes humains comme des êtres vivants. Un film très beau et empreint de poésie malgré la brutalité qu’il montre. S’il pouvait seulement toucher un maximum de monde (et pas les seuls déjà convaincus)... Peut-être un des meilleurs films de Skolimowski à mes yeux (et il en a faits de très bons !)

 

 
  • mercredi 30,
Le Grand Monde
Le Grand Monde

Le Grand Monde, roman de Pierre Lemaitre dans la série Les années glorieuses, lu par lui-même, Audiolib, 2022

Retrouvailles avec Pierre Lemaitre et sa Comédie humaine traversant le 20e siècle, cette fois à la fin des années 40, où nous suivons une famille de Beyrouth à Paris et Saïgon. Toujours une écoute agréable entre chroniques du siècle et feuilleton, je m’y laisse finalement prendre et attend la suite.

 

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